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 Le Pays 19/12/1987

Paysage comtois de Clavequin : Le sensible porté dans un cœur!
Roger Clavequin appartient à la race des peintres du terroir. "Paysages comtois", l'exposition qu'il propose jusqu'au 10 janvier à sa galerie-atelier à Montbéliard, sent bon les "hautes-terres", de la vallée du Doubs près de Goumois aux villages enneigés du plateau. De plus, l'artiste a pris délibérément le parti d'une technique impressionniste, délaissant brosses et acrylique pour sculpter au couteau un univers chaud et rude.
Goumois est devenu, au fil des années, la terre de prédilection de Roger Clavequin. Il y a trouvé son style mais aussi sa respiration d'artiste Eaux calmes, bois de Sapins dans lesquels se mélangent quelques feuillus, voilà l'horizon de Roger depuis 1983. Cette date correspond également à une autre évolution dans le travail du peintre, sa redécouverte du couteau, "Je suis en effet passé au couteau pour la facilité d'emploi, tout simplement" explique-t-il, ..J'en avais assez de nettoyer et de faire sécher méticuleusement mes brosses. Quand on est à l'hôtel, on a moins de place qu'à l'atelier. Alors le couteau s'est imposé à moi..."Roger en tire une palette de formes extraordinaire, travaillant la pâte à vifs coups de poignets. Les prairies s'éclairent, les eaux  deviennent scintillanteset la brume, dense, presque palpable, Roger Clavequin y a gagné en émotion  en réalisme. Là est aujourd'hui ma sensibilité" reconnaît le peintre.
Après une période huile, ce fut l'acrylique puis le grand retour à la matière
 noble en 1984, Roger avoue que le travail qu'il mène de front au sein de son école de peinture lui a beaucoup apporté "On se remet en cause sans s'en rendre compte finalement. On explique toutes les semaines qu'il y a des règles de composition, on corrige ici et là un élève. On est tout le temps sur le coup et, en lin de compte, on fait plus attention à tout ça lorsqu'on peint". La moitié des toiles présentées dans cette exposition annuelle date de 1985/87, la dernière période de création du peintre Roger Clavequin se rapproche de sa terre, revient à une nature qu'il a toujours portée dans son cœur. un travail de longue haleine qui touchera tous ceux qui aiment le vrai, le sensible.

Alain ROY

Roger Clavequin, peintre de son terroir avant tout. (Photo "Le Pays" - A.-P. R.)