A l'atelier-galerie de Roger Clavequin

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Le Pays du 22/12/1990

Variation sur les prunus en fleurs
Il est des traditions qui ne meurent jamais. A Montbéliard, ils sont quelques peintres à saisir l'occasion du moment de Noël pour exposer leurs derniers travaux. Roger Clavequin est de ceux-là avec Pierre Jouffroy.
Le premier a troqué ses neiges comtoises contre une nature plus chaleureuse: prunus en fleurs, reflets dans la Loue, terre ocre du ban de Champagney.

Roger Clavequin évolue lentement mais sûrement. Le peintre est comme un bon vin de garde. Il ne cesse pas pour autant d'installer, chaque été, son chevalet sur les bords du Doubs sauvage, près de Goumois.

Mais il renouvelle également ses thèmes d'inspiration et affirme ses traits de couteau. Délaissant, l'espace d'un instant, sa chère corniche et les lourdes fermes comtoises de Charmauvillers, il s'est arrêté au bord du ban de Champagney pour saisir la lumière d'une fin d'après-midi. "Pour changer des eaux dormantes de Goumois," laisse-t'il tomber, en forme de boutade. Là, l'ocre des berges joue avec des reflets d'un ciel d'orage pris au piège de quelque flaque sur le ;able. Plus au sud, à Ornans, sa palette s'est laissée accrocher par l'onde verte et profonde de la vallée de la Loue. Elle y a retrouvé ses premières 

amours. A noter que Goumois -la maison du tourisme- accueillera le peintre cet été pour une exposition biennale.

L'artiste garde aussi, au fil de l'eau, le même oeil, vif et précis. "Je ne peints qu'une toile à la lois, d'une manière directe. Dès  les premiers coups de couteau, les effets et les couleurs arrivent, justes. Je recommence rarement."

Maîtrise et privilège des années. Dans son atelier-galerie de la rue du Château à Montbéliard, où il a élu domicile depuis mars 1980, Roger Clavequin propose une vingtaine de nouvelles toiles, plus colorées, plus denses. Le cru 1990 est aussi fidèle à la tradition de l'artiste. Et c'est un vrai cadeau de Noël qu'il offre à sa terre comtoise, jusqu'au 6 janvier.
Le même oeil qu'il y a vingt ans, vif et précis...

Alain Roy